Réponse de Pascal Penetro, maire, à l’article de la Dépêche du 03/10/2022 « Le passeur de migrants arrêté à Fos, les villageois sous le choc » + Interview par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio

En préambule, je voudrais dire que le maire d’une commune est OPJ et que, pourtant, malgré un an d’enquête, jamais les autorités n’ont jugé bon de m’appeler. C’est vous dire la considération qu’ils ont pour les maires, juste bons à servir de punching-balls à la population ou de remparts entre celle-ci et l’État avec toujours moins de moyens pour agir, mendiants de subventions sous tutelle de l’Administration… Mais c’est un autre débat.

Notre vallée a toujours été un point de passage. En 36, avec les Républicains espagnols qui fuyaient le franquisme, dont mon grand-père, pendant la seconde guerre mondiale, avec les résistants et les Juifs qui fuyaient le nazisme, ou encore aujourd’hui avec les migrants qui fuient les guerres ou la famine de leur pays. On appelle ça les chemins de la liberté !

Reste à connaître la motivation des passeurs : font-ils cela pour aider des gens ou pour s’en mettre plein les poches ? Il faut faire la différence. Dans le premier cas, cela me semble normal et honorable ; dans le second cas, comme semble-t-il celui qui nous occupe aujourd’hui, les sanctions doivent être sévères. Par le passé, ces passeurs malhonnêtes seraient allés nager dans la Garonne avec les pieds et les mains liés dans le dos !

Si l’on veut sérieusement s’occuper de ces gens qui, au péril de leur vie, tentent de rejoindre notre pays, il faut s’y prendre autrement. À commencer par stopper le grand chamboulement mondial qui affame une partie de la population et les pousse sur les routes. Le pillage des ressources de certains pays pauvres, ajouté à la surpopulation mondiale et à la crise climatique (montée des eaux, sécheresse, …), ne peut qu’accentuer le phénomène migratoire.

Le commandant Cousteau disait, il y a 40 ans, que 2 % du budget de l’armement mondial suffirait à donner une retraite à toute la population mondiale, ce qui éviterait qu’une partie de la population mette au monde de nombreux enfants avec l’espoir qu’un ou 2 s’en sortent pour subvenir à leurs vieux jours…

Si l’on ne s’attaque pas au mal à la racine, on pourra mettre toute la police qu’on veut, des barbelés et des miradors, on n’empêchera pas les gens d’entrer ! Et si, pour ma part, j’étais dans l’impossibilité de donner à manger à mes enfants, je ferais comme eux, j’irais chercher ailleurs un hypothétique salut.

La manière de traiter ce sujet dans la presse est essentielle ; l’article concernant ces arrestations et la photo du cœur de village le jour du marché, paru dans la presse régionale, est totalement scandaleux par le doute qu’il jette sur un village qui apparaît comme une plaque tournante d’un trafic ! Non ! la population de Fos n’est pas « sous le choc », la très grande majorité des Fosséens a le passage dans le sang, sait ce que la vie difficile veut dire et aime l’accueil et le partage. J’espère obtenir un droit de réponse à cet article afin de clarifier les choses et de laver l’affront fait à notre village.

Le 5 octobre 2022 – Sud Radio – Parlons vrai chez Bourdin – Interview Pascal Penetro