Nos modèles sociétaux actuels juxtaposent des populations qui se révèlent souvent incompatibles.
Comment harmoniser une cohabitation constructive entre des hyperactifs lucides donc impliqués, et des hypo-actifs immobiles et attentistes donc démissionnaires ?
Problématique posée dans une forme généraliste, certes, mais on ne peut plus réaliste, tant son expression omniprésente dans notre quotidien, est récurrente.
Les situations clivantes et autres sujets contentieux entre gens du cru et néo-montagnards entravent toute dynamique et projection. Les sensibilités éducatives et par extension morales, se confrontent sans jamais se neutraliser réellement. Ces phénomènes fragilisant de faits, cette inconsistante cohésion sociale. La peur et la méfiance de l’autre, prenant souvent racine, dans un terreau d’ignorance.
La démographie reste chez nous poussive, la problématique évidente c’est cette idée de “dilution sociale” qui terrorise l’autochtone, et intruse la vie du paisible retraité. C’est donc dans le reflexe le plus acquis, que l’on cultive, celui de la différence. Le néo-montagnard menacera toujours ce semblant de paix sociale. Celui-ci, au nom de cet inaliénable droit d’appartenance géographique, jamais! ne sera d’ici. La méfiance du “Mauvézin” (Mauvais Voisin en Occitan) reste un héritage culturel dont l’aspect dualiste fait contre-emploi. Cette nouveauté sociale porteuse de diversité et de hausse démographique évidente, serait une réponse à cette “solitude sociale.
Henri Lefebvre Philosophe et Sociologue pro-Pyrénéen, dans son analyse des modes relationnels communautaires montagnards, livre quelques clés pour, interpréter le modèle sociétal Pyrénéen historique, fondé sur la notion transversale de Famille et de Maison. Le temps des “Castes Pyrénéennes” est révolu. Cagots, Cadets, ces “Intouchables” sont réhabilités désormais, en intégrant le matérialisme historique Pyrénéen.
Les générations de natifs qui ont décidé par choix délibérés ou d’obligations socio-économiques de migrer professionnellement, en quête d’ascenseurs sociaux ou de rupture avec la tradition, ont quarante ans de plus quand ils sont de retour. Certains d’entre eux engagés en politique, invalident une logique de projets territoriaux parce que, la plupart du temps, leurs valeurs vont s’avérer surannées. D’autres, vont révéler leur véritable haine à l’encontre de ces néo-montagnards intrusifs, en adoptant des attitudes caricaturales d’antipathie, à l’extrême limite tribord du politiquement correct.
L’inutilité sociale et publique est un savoir-faire dont les “toxiques” du collectif maitrisent au plus haut point. Le réflexe de la critique sans propositions, reste leur signature. La tradition délatrice française est malheureusement encore de mise dans nos vallées. La réalité de terrain révèle des besoins que ces individus responsables n’arrivent pas encore à identifier. Autant ne pas invoquer les enjeux de demains, puisque ces personnages en cultivent un déni systématique.
Nos comportements individualistes impactent nos modes relationnels. Il s’avère difficile de concéder quelques pas supplémentaires entre son véhicule et son domicile, de se baisser et ramasser ce déchet insignifiant souillant le bord du chemin, dont la banale évidence empêche toute réaction de notre part.
Les Pyrénées Hauts-Garonnaises restent l’exception du massif, en matière de développement local. Les inégalités territoriales Pyrénéennes sont donc une réalité incontournable. L’Ariège voisine a su anticiper depuis 50 ans par le recours à une forme de tolérance et d’art du consensus avec l’unique intention, de revitaliser démographiquement ses vallées. Il en est de même des Hautes Pyrénées qui ont su créer une forme d’auto-suffisance en prenant tout simplement conscience de leur potentiel humain et environnemental. Autre exemple probant, que celui de la vallée d’Aspe aux confins du Béarn, dans laquelle le tissus associatif très dense, assure une qualité de services socio-culturels remarquables. Ici quelques personnalités conscientes de ce potentiels, s’activent pour maintenir une culture Montagnarde vivante et active. Par le plus pur des hasards, se sont souvent des néo-montagnards qui s’engagent à promouvoir l’image de ce territoire. Tout en faisant l’apologie de cette culture Pyrénéenne, comble de l’absurde, ils œuvrent pour leurs principaux détracteurs.
Ce “Cop dé Fotra” (coup de colère en Occitan) est une juste réponse à ce cumul d’incivilités incohérentes non constructives. Celui-ci aura l’avantage de proposer une lecture des mécanismes relationnels intercommunautaires, afin d’en appréhender, nos pathologies valléennes et nos facteurs limitants.
Nos réactions ainsi exposées ne signifient, que nous soyons pétris de convictions; elles sont avant tout, fondées uniquement à partir d’éléments factuels, vécus ou observés dans nos quotidiens.
Vivre ici, imposent concessions et indulgence.
Pierre Albero et Delphine Perrin
Place le Majerenc
31440 Fos
Merci ! Ce « Cop de Fotre » exprime avec justesse, il me semble, ce que je commence à observer et vivre ici.
Concessions et indulgence sont de bons conseils, ici et ailleurs ma foi…
Ces belles montagnes, ce beau village et tous les habitants qui m’y ont accueillie me donnent l’envie d’y rester quoi qu’il m’en « coûte ».
Avoir la peau dure et le coeur tendre 🙂